Depuis décembre, Marie prend des médicaments et peste contre les odeurs. Elle veut surtout dénoncer la fabrication et l’utilisation de peintures contenant des substances nocives pour la santé.
Témoignage
La véranda est entrouverte, le haut de la porte d’entrée aussi. Il fait un petit 5° à l’extérieur, mais Marie ventile allègrement le pavillon qu’elle habite au sud de Nantes : « Je vis avec un courant d’air dans le couloir depuis le mois de décembre, mais je n’ai pas le choix », raconte-t-elle.
Murs, plafond, radiateur, Marie a fait repeindre une des deux chambres de sa maison début décembre. La retraitée enlève le boudin en mousse qu’elle a scotché autour de la porte de la pièce « pour empêcher que l’odeur ne se répande trop dans la maison, mais ça sent encore ». Une odeur chimique, ammoniaquée, qui persiste, plus de deux mois et demi après la fin des travaux.
La laque sur les murs en lambris
Lorsque les deux ouvriers d’une entreprise de la région nantaise ont quitté le chantier, « dans les 48 heures suivantes je me suis sentie mal, explique la retraitée. Une gêne respiratoire, l’impression de manquer d’air. J’avais la langue qui enflait, je ne me sentais pas bien du tout. » Son médecin généraliste est consulté et prescrit des antihistaminiques et des anti-inflammatoires. En cause, selon lui, les émissions chimiques des peintures de la chambre.
Marie en est persuadée, la laque qui recouvre deux murs en lambris est en cause. Une laque de finition satinée « à base de résines alkydes thixotropes » précise la fiche technique que l’artisan lui a fournie. Le produit est classé « C » pour les émissions de polluants volatils, dans une échelle qui va de A + à C, le niveau d’émissions le plus élevé, a priori le moins respectueux de la qualité sanitaire de l’air intérieur (1).
« J’avais pourtant signalé que j’étais sensible aux odeurs et je n’ai pas discuté le prix du devis », précise Marie qui s’interroge aussi sur le protocole de pose de la peinture : « A-t-on poncé et lavé le lambris avant de peindre ? »
Dès le 5 décembre, la retraitée a alerté l’artisan. Puis a envoyé un recommandé en janvier. Finalement, un peintre a refait une partie du chantier, en utilisant une peinture dépolluante « qui capte et détruit le formaldéhyde jusqu’à 84 % en 24 heures ». « C’est la preuve qu’il y a bien un problème », tempête la retraitée qui reconnaît la bonne volonté de l’artisan pour régler l’affaire.
Depuis? « Ça sent toujours, dit-elle, la pièce est encore condamnée, donc inutilisable depuis le 29 novembre. » Si aujourd’hui Marie va mieux, elle a un traitement jusqu’à la mi-mars. En témoignant, elle veut surtout alerter les particuliers qui, comme elle, ne sont pas spécialistes : « Je fais confiance, mais je ne veux pas qu’on m’empoisonne. » Dire aussi son incompréhension: « Pourquoi fabrique-t-on encore des produits nocifs, dangereux pour la santé ? » Alors que les fédérations du bâtiment (2) de la région ont publié un guide qui compile les bonnes pratiques pour préserver la qualité de l’air intérieur, il reste du chemin à faire.
(1) Depuis la loi Grenelle II, un étiquetage des produits de construction et de décoration indique leurs émissions de substances polluantes.
(2) Capeb et FFB ont réalisé un guide téléchargeable sur www.capeb-paysdelaloire.fr, www.paysdelaloire.ffbatiment.fr ou www.ars.paysdelaloire.sante.fr.
SOURCE : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-peinture-de-la-chambre-la-rendue-malade-3218725